Locataire d’une maison à Langrolay, en Bretagne, au bord de la Rance, à quelques kilomètres de Saint-Malo, ma ville natale, au début des années quatre-vingt-dix, avec ma petite famille – Laurence, David et Leïla, née à ce moment-là – j’ai eu le désir d’y mettre de la couleur, au diapason de notre vie hautement colorée ; de notre quotidien animé de mille choses banales et non moins essentielles – comme les cris de joie, les silences après les chaussons plein de terre, la cheminée fissurée, ouverte au ciel, et le feu dans son foyer l’hiver, sans oublier les larmes séchées, les gratins bien gratinés, le youpala et le vieux poêle à bois, ronronnant avec les chats, et les folles parties de petits chevaux, et ce couple de nègre-soie avant les autres poules et leurs poussins, et aussi ce canard blanc, tristement mort dans un carton, près du poêle, mais malgré tout la tendresse, le vieux parquet qui grince et les grasses matinées, les balades sur les bords de Rance, le son du clocher, vibrant dans l’air, le retour du printemps et fatalement des tondeuses… – et animé aussi par les visites des amis et peintres complices, et les fêtes ; tout cela bercé par le calme du fleuve, visible de cette modeste et heureuse maison et de mon atelier ; de la couleur donc que j’ai mise sur les murs, à l’extérieur, à l’intérieur, à grands coups de pinceaux débordant la raison, animé que j’étais par ma fougue, pour des fresques en accord avec mon humeur ; où se côtoyaient des vaches et des nains de jardin, le bassiste de Kiss et une statue de l’île de Pâques, un autoportrait aux chiottes et autres productions de mes pinceaux dégoulinants ; fresques et peintures d’un temps lointain au regard d’une vie humaine, qui ne sont plus aujourd’hui mais demeurent cependant dans les souvenirs, et quelques photos que j’ai à cœur de partager…

DIAPORAMA  SUR LA MAISON DE LANGROLAY